A partir des années 2010 les établissements professionnels publics (lycées professionnels) ou privés (Centre de formation des Apprentis, Institut de Formation par l’Alternance (CFA, IFA)) ont été confrontés à l’arrivée massive de jeunes venant d’ailleurs, qu’ils soient Mineurs non Accompagnés (désormais MNA) ou vivant en famille. Certains, peu ou non scolarisés antérieurement dans leur pays d’origine, sont néanmoins porteurs de répertoires et d’habitudes d’appropriation langagiers. Or, ces acquis sont souvent éloignés des attendus de l’école française. D’autant que la loi Blanquer 2019 dite « Pour une école de la confiance » instaure une obligation de formation ou de scolarisation pour les 16-18 ans, les rectorats étant chargés de la mise en œuvre de celle-ci. Jusqu’alors, les MNA ou jeunes allophones de plus de seize ans étaient et sont souvent encore dirigés vers les Missions Locales pour
trouver une formation en apprentissage ou un emploi. 

Pour accueillir au mieux les jeunes dont les pré-requis langagiers en français sont les plus éloignés des compétences attendues, un certain nombre d’établissements professionnels ont mis en place, à la fin des années 2010, des structures préalables à la formation en CAP. La possibilité d’une année supplémentaire pour l’obtention du CAP était destinée au départ à des jeunes ayant effectué leur scolarité en France mais elle a été investie différemment compte tenu de l’arrivée de ce nouveau public. Les enseignants de français qui interviennent dans ces structures sont rarement formés à l’accueil de ce public aux besoins variés (communication professionnelle, préparation au CAP, au DELF, insertion langagière et culturelle dans la société), pour lequel l’enjeu principal est l’obtention du diplôme qui conditionne aussi le droit au séjour. Souvent isolés au sein-même de leur structure, ils bricolent, sans curriculum officiel. Or, à l’inverse des UPE2A en primaire et en collège, la Didactique des langues a peu investigué et accompagné la formation des enseignants à l’insertion d’un public éloigné des normes scolaires et langagières dans ces voies professionnelles, mal connues des instances de formation des enseignants.

Les premières investigations montrent en outre une grande diversité sur le territoire national et, localement, selon les établissements. Certains départements demandent une orientation systématique en apprentissage dans un CFA pour les jeunes pris en charge par l’aide sociale à l’enfance (ASE), d’autres privilégient une orientation en lycée professionnel. Certaines académies accueillent de longue date les plus de seize ans dans des structures spécifiques sous la responsabilité des CASNAV. Dans d’autres, il n’existait pas de structure spécifique avant 2019.

Le projet de cette journée d’étude est d’initier des échanges entre intervenants issus d’univers géographiques et professionnels différents afin d’appréhender diversités et convergence.

Déborah CAIRA (URN)

Cleudir DA LUZ MOTA (URN)

Fabienne LECONTE (URN)

Christel TRONCY (URN)